Si vous avez déjà joué à un jeu de rôle, vous avez certainement rencontré à un moment ou à un autre ce genre de personnage, l'enfoiré abusant des plus faibles sans aucune raison.

Maximilian avait accumulé, pendant des années et des années, une sévère frustration qui ne faisait qu'augmenter à chaque fois que le scénario, le jeu lui-même, ne lui permettait pas d'y faire quoi que ce soit. Il était condamné à être spectateur, obligé de suivre la trame scénaristique, et de souffrir leurs actions sans pouvoir agir à leur encontre.

Cela expliquait le petit sourire qu'il afficha durant un instant avant de retrouver une expression plus sérieuse.

Autour de lui, les réactions et émotions différaient. Quatre soldats du côté de celui qui venait de voler à travers la pièce sortirent leurs armes, menaçant Maximilian de leurs épées, lances et flèches. Une hostilité certaine se lisait présentement sur leur visage.

L'homme barbu à côté d'Arca semblait inquièt, craignant surement ce qu'il risquait de se passer ensuite. Les autres soldats du groupe observaient la scène autour, prêts à sortir leurs armes au besoin.

Arima fut surprise par la vitesse à laquelle l'homme avait bougé pour intervenir, elle ne l'avait tout simplement pas vu se déplacer pour allez coller son poing dans la figure du soldat.

Alariel et Arca l'avaient vu bouger, sa réaction rapide, sa vitesse. Ce qui les avait surprises était qu'elles n'avaient pu suivre ses mouvements que de justesse. Arca, tout particulièrement, regarda le soldat qui avait été frappé par Maximilian, puis Maximilian lui-même.

*Comment? Quand? Je l'ai à peine vu arriver avant qu'il ne frappe. Est-ce que j'aurais dû l'empêcher? Est-ce que j'aurais PU l'empêcher?*

"Qu'est-ce qu'il s'est passé? Ne bouge pas espèce d'enfoiré!"

Ne prêtant pas attention au compagnon du soldat allongé, Maximilian leur tourna le dos et posa les yeux sur la fille panda, toujours à genoux au sol à côté de Milne. Elle leva la tête, hésitante, ses yeux verts émeraudes fixant ceux bleu profond de l'homme qui venait de la sauver.

Il lui sourit gentiment.

"Tout va bien?"

Elle ne prononça pas un mot, se contentant de hocher timidement la tête avant de baisser les yeux à nouveau. Le soldat qui lui parlait commença à approcher.

"Hey! Tu n'as pas ent..."

"YAARG! IL M'A PÉTÉ LE NEZ!!! OU EST-CE QU'IL EST? JE VAIS COUPER LA TÊTE DE CET ENCULÉ!! "

Une main sur son nez ensanglanté, le soldat que Maximilian venait de frapper se releva, vociférant. Alors que ses petits yeux s'arrêtaient sur lui, Maximilian prit le temps de l'examiner.

*Niveau 17, physique léger, plus proche du brigand que du soldat...on dirait un rat. Des yeux brun foncé, un nez pointu...cassé, une fine moustache et un petit bouc en guise de barbe, des cheveux noirs graisseux...Bon Dieu, en voilà un qui doit être la coqueluche des soirées...Je me fous de comment tu t'appelles mon gars, je vais t'appeler Ratman.*

"Je suis juste ici."

"TOI! EST-CE QUE TU T..."

Maximilian l'interrompit.

"Je te prierai de ne pas crier, ta voix est horriblement dérangeante."

"QUOI?"

Aux mots de Maximilian, Alariel toussa dans son poing, étouffant un rire, tout comme le fit Arima avec ses mains. L'homme continua à parler, bien qu'il le fît à un volume supportable cette fois. Était-ce parce que crier avec un nez brisé le faisait souffrir ou pour une autre raison? Maximilian ne le savait pas et, sincèrement, s'en contrefichait.

"Tu m'as frappé, tu m'as brisé le nez. Ignores-tu que je suis un soldat du roi?"

Un sourire très dérangeant apparu sur le visage de Ratman alors qu'il pointait Maximilian du doigt.

"Attaquer un soldat est un crime, un crime punissable de mort. As-tu quelque chose à dire? Si tu m'implores à genoux, je pourrais me montrer généreux."

Il arrêta de parler, attendant que Maximilian se mette à genoux. Maximilian regarda autour de lui, un peu comme s'il ne le croyait pas.

"Sérieusement?"

Il regarda Arca qui n'avait toujours pas dit un mot.

"Me demande-t-il sérieusement de m'agenouiller devant lui?"

Elle réfléchit un moment avant de répondre.

"C'est la loi, attaquer un représentant de l'armée royale est un crime sérieux sur ces terres. La mort est une possibilité si le représentant attaqué est gravement blessé."

"Oh...Et que fait-on si je ne désire pas m'agenouiller devant un enfoiré qui se plaît à battre une jeune fille?"

"Quoi?"

C'était à nouveau Ratman qui s'exprimait.

"Quelle jeune fille? Elle n'est rien de plus qu'une esclave, ce n'est pas comme si sa vie avait quelconque valeur de toute façon. Tu ne crois pas sérieusement que protéger un esclave est une raison valable pour blesser un soldat du roi...es-tu idiot à ce point?"

Ratman émit un rire aussi plaisant à entendre que son visage était à regarder. Maximilian se tourna une fois encore vers Arca.

"S'il continue à parler, je crois que je vais le frapper à nouveau."

À ses mots, les soldats du côté de Ratman se mirent en position d'attaque.

"N'essaie même pas!" ordonna l'un des soldats." Tu as déjà attaqué l'un d'entre nous, nous ne te laisserons pas recommencer."

Maximilian leva les mains à hauteur d'épaules.

"Très bien, j'ai compris..."

Il fit quelques pats sur le côté et déposa son épée, dans son fourreau, ainsi que ses gantelets, puis fit de nouveau face aux soldats et à Ratman.

"Je ne souhaite pas blesser l'un des valeureux soldats protégeant dame Arima, mais il est clair que je ne me mettrai pas volontairement à genoux devant un être méprisable dans ton genre. Alors si tu veux me voir m'agenouiller, viens donc m'y obliger. Sur mon honneur, je jure que je n'userai pas de magie pour me défendre, seulement de mon corps. Tu as trois chances avant que je ne riposte, qu'est-ce que tu en dis?"

"Ce que j'en dis?"

Ratman poussa les autres soldats hors de son chemin pour faire face Maximilian à un mètre de lui. Il sortit un coutelas de derrière son dos et lui sourit.

"Je vais te faire t'agenouiller, et couiner par la même occasion."

Arima allait dire quelque chose pour arrêter Ratman, mais fut stoppée par Alariel, lui signalant de rester silencieuse et d'observer la scène.

Ratman chargea Maximilian, son coutelas pointé vers lui. Au dernier moment, Maximilian fit un léger pas sur la gauche, faisant perdre l'équilibre à Ratman et le faisant chuter lorsqu'il passa à côté de lui. Impassible, Maximilian lui parla.

"Une chance de perdue, plus que deux..."

Se relevant, Ratman grogna.

"Espèce...espèce de menteur! Tu as dit que tu ne te défendrais pas durant trois attaques!"

"Et je ne l'ai pas fait. Tu ne peux sérieusement pas blâmer les autres si tu ne sais pas tenir debout, mais réjouis-toi, tu as encore deux chances."

"Espèce de trou-du-cul!!"

Une fois encore, Ratman chargea Maximilian, qui cette fois se déplaça sur la droite au dernier moment, faisant une nouvelle fois tomber l'homme au sol."

"Je commence à croire que tu apprécies la sensation du sol contre ton visage. Non pas que je te juge, mais n'est-ce pas un peu frisquet?"

Regardant autour de lui, Ratman put voir certains des soldats rire quelque peu, tandis que les quelques soldats qui étaient de son côté ne savaient clairement pas quoi faire. Lorsqu'il regarda Maximilian à nouveau, l'homme pu voir que les petits yeux sombres de l'homme au sol étaient injectés de sang, la fureur étant fait exploser quelques vaisseaux sanguins.

"JE VAIS TE TUER!!!"

Cette fois, il ne chargea pas. Il stoppa sa course juste devant lui et attaqua, une fois, deux fois, trois fois. Tranchant, frappant ou, tout du moins, essayant.

Chaque fois qu'une attaque lui était assénée, Maximilian l'évitait, la différence de niveau et de compétences était tout simplement trop importante pour que Ratman puisse seulement espérer le blesser.

"POURQUOI NE MEURES-TU PAS?!"

Alors que l'homme aux traits de rongeur fut emporté par la force de son propre coup, Maximilian tourna sur lui même, évitant l'attaque et faisant tomber l'homme au sol une fois encore, Ratman mordant la poussière juste devant la fille panda.

"Et une fois encore tu te retrouves au sol...cela fait trois fois que tu échoues à me mettre à genoux, devons-nous poursuivre? Ou bien vas-tu enfin admettre tes tors?"

Lorsque Ratman regarda la fille panda, Maximilian sut qu'il avait commis une erreur. Surprenamment vif et rapide, il se plaça derrière elle et posa sa lame contre la gorge de la jeune fille.

Ce fut à ce moment que tous les soldats dans la pièce passèrent du côté de Maximilian. Même les quatre qui se présentaient comme étant du côté de Ratman ne pointèrent plus leurs armes vers Maximilian.

Arca intervint, visiblement en désaccord avec les actions de son subordonné.

"Soldat! Même si la loi est quelque peu laxiste en ce qui concerne les violences faites aux esclaves, un meurtre reste un meurtre. Vous allez de suite relâcher cette jeune fille."

"Ferme-la, sale semi-orc. Pourquoi moi, un humain, devrais-je obéir à une sous-race dans ton genre? J'ai été trainé dans ce lieu oublié des Dieux avec la promesse de gloire et richesses, mais nous n'avons trouvés que la mort, quasi rien de valeur, et maintenant ce moins que rien ôse me blesser? Je ne laisserai pas ça passer, je veux ma récompense!"

"Très bien."

Ce ne fut pas Arca qui répondit. L'insulte de Ratman l'ayant visiblement énervé, elle faisait de son mieux pour se calmer et n'avait pas eu le temps de réfléchit à autre chose. Ce fut Maximilian qui parla à Ratman, rapportant sur lui l'attention des personnes dans la pièce.

"Qu'est-ce que tu viens de dire?" questionna Ratman.

"J'ai dit 'très bien'. Tu veux des richesses, j'ai quelque chose pour toi."

"...Montre-moi, et pas d'entourloupes ou c'est elle qui prend."

Joignant le geste à la parole, il pressa la lame sur le cou de la fille, coupant sa chaire. La jeune fille émit un gémissement tandis que sa blanche fourrure se teignait légèrement de rouge.

"N'aie crainte, rien de la sorte. Ici, laisse-moi te montrer."

Retournant près de ses affaires qu'il avait posées au sol, il prit son épée entre ses mains.

"Voici Falemgeril, une épée que même un roi rêverait de manier."

"C'est ça ta richesse? Une putain d'épée? Tu me prends pour un con?"

"Ceci est une arme qui pourrait se vendre pour quelques pièces d'or, bien plus encore si tu trouves les bons acheteurs."

"Il a raison..."

Tous les yeux se tournèrent vers Alariel, celle qui venait de parler.

"S’il s'agit en effet de Falemgeril, l'épée qui tua des géants, alors sa valeur serrait suffisante pour vivre le reste de sa vie dans l'opulence et la richesse. Mais comment l'avez-vous trouvé? Cela fait des siècles que cette épée a disparu..."

"Ouais, comment es-tu entré en possession de quelque chose d'une telle valeur? Où l'as-tu trouvé?"

"Ici, à vrai dire. Au plus profond de ce donjon, cette épée attendait que quelqu'un la trouve. Alors, qu'est-ce que tu en dis?"

"J'en dis que c'est du flan, je ne crois pas que quelqu'un comme toi ait pus trouver quelque chose comme ça. Et même si c'était vrai, pourquoi échanger un tel trésor contre une misérable esclave? Ça n'a pas le moindre sens."

"C'est tout simplement parce que nous n'avons pas les mêmes valeurs. Je choisirais la vie de cette jeune fille plutôt que n'importe quelle pile d'or, voilà tout. Voilà mon offre, tu relâches la fille et je te laisse prendre l'épée."

La fille panda le regarda un instant, tout comme Ratman qui ne comprenait visiblement pas son point de vue. Cependant, après une bonne minute de réflexion, il s'exprima enfin.

"Très bien, j'accepte. Lance-la-moi, n'approche pas."

"Tu es sur? Elle est assez pesante..."

"N'essaie pas de me gruger, tu ne m'approcheras pas."

"Très bien, je te lance l'épée et tu relâches la fille à trois, okay?"

"Okay, un, deux, trois!"

Maximilian lança son arme alors que la fille panda fut jetée au sol. Arca allait charger, mais Maximilian l'arrêta d'un geste.

Ratman se positionna pour intercepter l'arme tandis que Maximilian laissait un petit sourire s'afficher sur ses lèvres.

"Tu sais, Falemgeril est le genre d'arme dont parlent les légendes. Pas seulement pour la puissance qu'elle renferme..."

Ratman tendit le bras pour attraper l'épée qui lui arrivait droit dessus.

"...Mais aussi pour la force colossale qu'il faut pour espérer la soulever du sol."

Dans un bruit sourd, Ratman tomba au sol, hurlant, son bras écrasé sous la lourde épée qu'il avait tenté d'attraper. L'arme avait poursuivi sa trajectoire, l'emportant avec elle. Le faible soldat n'avait pas la moindre chance d'arriver à la soulever. Maximilian avança, se rapprochant du soldat qui gémissait au sol. Prenant la voix la plus douce et calme possible, il se tint debout à côté de lui, se penchant légèrement au-dessus du soldat/rongeur pour le regarder dans les yeux.

"Je pensais que tu la voulais, pourquoi ne la prends-tu pas?"

"AARG,MON BRAS, MON BRAS!"

"Tu es sure de ne pas en vouloir? Il s'agit là d'une très belle pièce d'équipement, tu sais..."

"ENLEVE-MOI CA! ÇA ÉCRASE MON BRAS!"

"Tu veux que je la reprenne?"

"OUI! OUI! PRENDS-LA."

Ramassant aisément l'épée de sur le bras du soldat, Maximilian la rattacha à sa ceinture.

"Merci pour cette profitable transaction."

Maximilian s'éloigna de Ratman, aidant la fille panda à se relever.

"C'est terminé maintenant, viens avec moi. Je vais jeter un oeil à cette blessure sur ton cou."

"Tu...tu paieras pour ça..."

Se retournant, Maximilian regarda Ratman, à genoux, un parchemin roulé en main.

"Entend mes paroles, un jour je te retrouverai, et je te ferai payer pour ce que tu as fait aujourd'hui."

"C'est ça c'est ça, tu ferais mieux d'amener une putain d'armée avec toi."

Le soldat déroula le parchemin et lut ce qui s'avéra être un sort de téléportation, puis disparu avant que les autres soldats n'aient le temps de l'attraper.

"Dame Arima, je pense, votre groupe vient de gagner en prestige d'un seul coup..."

"Que voulez-vous dire?"

"N'est-il pas préférable pour le bien-être du groupe qu'il n'y ait pas de rats en vue?"

Alariel ne put étouffer un rire franc, rapidement imitée par l'homme barbu et certains des soldats du groupe. L'incident passé, chacun retourna à ses occupations.

Maximilian fit s'asseoir la fille panda face à lui. Doucement et délicatement, il examina la légère blessure sur son cou, rassuré de voir qu'elle n'était que superficielle, le sang n'en coulait déjà plus.

"C'est bon, cela ne te dérangera pas, laisse-moi juste appliquer ce bandage autour de ton cou et..."

"Maître...cela n'est pas nécessaire de vous soucier d'une misérable esclave comme moi. Je...je vais bien."

Le remerciant, elle se leva et partit, reprenant sa tâche qui consistait à monter le camp, tout comme elle était occupée à le faire auparavant.

Maximilian l'observait encore quand Arima et Alariel revinrent lui parler.

"Ce que vous avez fait, c'était très courageux de votre part."

"Ce n'était rien, vraiment. Je n'ai fait que faire ce qui me semblait juste."

"Néanmoins, je vous dois mes sincères remerciements. L'esclavage n'est pas quelque chose contre quoi je peux m'élever dans ma position, mais cela ne veut pas dire que je l'apprécie pour autant."

"Si vous n'aimez pas cela, comment se fait-il qu'une esclave se trouve dans votre groupe?"

"Je...je..."

"Je pense pouvoir répondre à cette question."

Voyant l'hésitation de la jeune noble, Alariel se chargea de répondre.

"Ce n'est pas la faute de ma dame. La composition d'un groupe de recherche royal a toujours été le même, et ce depuis des dizaines d'années. Au moins deux gardiens pour la royauté, un pour ce qui concerne les problèmes magiques que le groupe pourrait rencontrer, et l'autre pour les problèmes plus...physiques, dirons-nous. Deux dizaines des soldats, prêts à se battre si besoin. Un alchimiste ou apothicaire dont la fonction est de s'occuper des poisons et potions ainsi que des blessures. Et finalement, au moins un ou une esclave dont le travail est de...et bien, d'obéir à ce qu'on lui ordonne de faire, que se soit porter, aider dans le camp, ou bien même...."

"Servire sexuellement, je suppose?"

"En effet, bien que ce dernier point ait été prohibé par ma dame pour ce voyage. Même si la loi l'oblige à emporter une esclave, au moins a-t-elle fait en sorte que les hommes du groupe ne posent pas la main sur elle."

Entendant cela, Maximilian leur fit un petit sourire.

"C'est une décision honorable. Comprenez bien que je ne suis pas ici pour vous dicter vos actions, mais il y a certaines choses que je ne peux tout simplement pas regarder et rester sans rien faire."

"Merci de comprendre, je suis heureuse qu..."

Arima fut interrompue par son estomac criant famine. Il était même surprenant pour Maximilian d'entendre tant de son à un tel volume provenir d'une si petite personne. Il posa un instant les yeux sur le ventre de la jeune fille avant de remonter vers son visage qui avait pris un tain rouge vif.

"Je...Oh mon Dieu, j'ai si honte de moi, je vous prie de m'excuser. Avant d'être interrompu par ce soldat fort impoli, j'allais vous suggérer de partager notre repas. C'est le moins que nous puissions faire pour vous remercier après ce que vous avez fait pour nous."

Le trio revenait vers le milieu du camp où le second d'Arca distribuait les rations.

"C'est très généreux de votre part, puis-je savoir ce qu'il y a au men...oh."

Un morceau de pain, une tasse d'eau et...et c'était tout. Jetant un coup d'oeil à Arima, Maximilian vit la demoiselle, contrariée de n'avoir rien de plus à offrir.

"Je vous prie d'excuser la frugalité de ce...repas, le voyage a été bien plus long et éprouvant que nous ne l'avions estimé et, à vrai dire, c'est là tout ce qu'il nous reste."

Maximilian regarda autour de lui, observant un instant les mines maussades des soldats grignotant lentement le peu qu'ils avaient à se mettre sous la dent. C'était tout simplement déprimant.

"Oh non, cela ne fera clairement pas l'affaire."

Arima, Alariel, Arca ainsi que les autres autour de lui le regardèrent. La semi-orc grogna légèrement à ses mots.

"Soi un homme et accepte ce qui t'est donné, il n'y a rien d'autre alors pas la peine de te lamenter."

"Oh ma chère Arca. Cela te ferait un bien fou de sourire une fois de temps en temps...toi!"

Maximilian désigna du doigt la fille panda qui, une fois son travail terminé, s'était assise dans un coin, dans l'ombre, là où la lumière du feu de camp arrivait à peine, et sa chaleur pas du tout. Elle leva la tête et se pointa du doigt, ne comprenant pas pourquoi quelqu'un lui adressait la parole. Maximilian lui fit signe d'approcher, ce qu'elle fit, les yeux baissés. Allant à sa rencontre, Maximilian s'arrêta devant elle.

"Ma chère, puis-je avoir le plaisir de connaître ton nom?"

"Je...je me nomme Lin-Lin, Maître."

"Très bien, Lin-Lin. Pourrais-tu m'aider? Je souhaiterais cuisiner quelque chose pour tout le monde."

Lorsqu'elle leva les yeux, elle put voir le visage souriant de l'homme. Elle ne le regarda pas longtemps dans les yeux, craignant une correction physique si elle le faisait.

"Je suis à votre service, Maître."

"Merci Lin-Lin, viens avec moi. Très bien tout le monde, prenez patience, Lin-Lin et moi allons vous préparer quelque chose de plus...consistent."

Arca émit un petit rire sarcastique.

"Et que comptes-tu cuisiner? La gamine juste là? Je doute qu'elle apprécie."

Lin-Lin eut l'air horrifiée l'espace d'un instant.

"À vrai dire, j'avais plutôt envie de goûter de la viande de semi-orc, tu n'aurais pas envie de partager une ou deux tranches de fesse histoire que je les grille?"

Arca fut surprise par la répartie de l'homme, Alariel riait de bon coeur et Arima ne savait trop que faire. Les soldats n'auraient pas osé rire, ne souhaitant pas s'attirer les foudres de leur capitaine ainsi que la punition qui allait de pair avec, mais garder un air sérieux était clairement une tâche difficile pour eux.

Maximilian emmena Lin-Lin non loin du centre du camp, là où ils auraient un ou deux mètres d'espace libre pour travailler. Sous les yeux ébahis des personnes le regardant (Arca, Arima, Alariel et Lin-Lin ainsi que plusieurs soldats.), il sortit ce dont il allait avoir besoin pour la préparation. Poële à frire, chaudron, il comptait utiliser toute la viande et les légumes qu'il avait pu tirer des différentes créatures qu'il avait vaincues plus tôt. Alors qu'il sortait les champignons, il entendit quelqu'un dans le groupe parler.

"À quel point est profond ce sac exactement?"

La question provenait de l'homme barbu, clairement impressionné par le nombre de choses que Maximilian sortait.

"À l'infini, je peux y stocker ce que je souhaite...enfin, rien de trop gros ou de vivant, mais n'importe quoi d'autre."

"Impressionant, où l'avez-vous trouvé?"

"Tout au fond, non loin du lieu où j'ai trouvé Falemgeril."

"Ça vous ennuie si j'essaie?"

Les autres le regardèrent, un air interrogateur se lisant sur leur visage. L'homme barbu haussa les épaules.

"Ben quoi? C'est pas tout les jours que j'ai la chance d'essayer un objet magique."

Maximilian lui lança l'Havenbag.

"Tenez, essayez d'en sortir quelque chose."

L'homme à barbe mit sa main dans le sac, cherchant du bout des doigts, il retourna ensuite le sac, mais rien n'en sortit.

"Mais...il n'y a rien là-dedans..."

"C'est parce que je ne vous ai pas donné la permission d'en sortir quelque chose. Il s'agit d'une protection magique contre le vol. Temps que je vivrai, ou jusqu'à ce que je le cède à quelqu'un, seuls moi et ceux que j'autoriserai pourrons sortir quelque chose de ce sac, et uniquement ce que j'aurais décidé qu'ils pourront en sortir...Quel votre nom, l'ami?"

"Moi? Je me nomme Paron, Pourquoi?"

"Et bien, voyons voir...Paron, je vous donne l'autorisation de sortir de l’Havenbag la viande que nous allons manger ce soir."

Tous le regardèrent, puis regardèrent Paron qui plongea à nouveau sa main dans le sac avant de rapidement l'en retirer.

"Aah! Il y a quelque chose à l'intérieur!"

"Bien sûr, pourriez-vous donner ce que vous trouverez à Lin-Lin?"

"D'accord..."

Hésitant, il sortit un morceau de viande, gros comme son poing, et le regarda un instant.

"Incroyable, et ce n'est même pas avarié...comment est-ce possible?"

"La magie, mon cher Paron, tout ce que je place à l'intérieur reste frais. Plutôt sympa, n'est-ce pas?"

Paron donna la viande à Lin-Lin qui à son tour l'apporta à Maximilian.

Morceau par morceau, le soldat sortit la viande et la donna à la jeune fille. Faisant très attention, elle suivit les instructions de Maximilian, craignant une correction qu'elle s'imaginait recevoir en cas d'erreur.

Après un moment, toute la viande de lézard fut sortie et prête à être cuisinée, Maximilian l'utilisa, ainsi que les champignons, pour préparer un repas semblable à ce qu'il avait mangé le soir avant.

Quand Arima vit le petit coffret bleu, elle interrogea Maximilian à son propos.

"C’est un bien bel objet, quelle est son utilité?"

"J'y range les épices que j'utilise pour cuisiner."

"Oh? Vous possédez des épices? Cela fait un moment que je n'en ai goûtée. Depuis que nous avons quitté le château à vrai dire."

"Cela remonte à longtemps?"

"Plusieurs semaines. Mais il m'avait semblé entendre qu'elles étaient plutôt précieuses, est-il judicieux de les utiliser ici? Ils sont d'ordinaire réservés pour de spéciales occasions, ou encore lorsque l'on reçoit des invités de marque..."

"Et bien, ce soir autour du feu de camp, j'ai pour compagnie de la royauté, de jolies dames et demoiselles, des soldats valeureux qui ont réussi à se rendre si loin dans cet enfer...je ne pense pas me tromper en disant que vous êtes de sacrés invités de marque."

Il ponctua ses paroles par un rire léger, imité par plusieurs soldats dont l'humeur se trouvait allégée par le fumet s'élevant du chaudron.

"Paron, veuillez vérifier l'intérieur du sac à nouveau, je pense que nous pourrions avoir besoin de plus de viande, étant donné notre nombre ce soir."

"Parce qu'il y en a plus? Je pensais que vous aviez dit que j'avais sorti toute la viande?"

"En effet, toute la viande de cet animal en particulier, le champizard, mais j'ai de la viande d'un autre animal dont nous pourrions profiter."

Lorsqu'il sortit un des corps sans tête des chauves-souris à quatre ailes, il le laissa tombé avec un léger cri de stupeur, attirant l'attention des autres, excepté Maximilian qui se servait d'une grande cuillère en bois pour tourner lentement dans le chaudron.

"Que diable? Est-ce que c'est un corps de Quataîles?"

Maximilian regarda par-dessus son épaule avant de les hausser.

"Je l'ignore, je n'ai pas vraiment pris le temps de leur demander leurs noms avant de les décapiter."

" 'Leurs' noms? Il y en a combien comme ça?"

" Quelques dizaines, donnez-moi les corps, je vous prie, je vais les vider et les faire frire dans leur graisse. Lin-Lin..."

"Oui, Maître?"

"Approche, s'il te plaît."

Lorsqu'elle vint à coter de lui, il prit ses petites mains et les plaça sur le manche de la cuillère, lui montrant les gestes à reproduire.

"Aide-moi, d'accord? Tourne comme ça, doucement et à un rythme constant, pour que je puisse m'occuper du reste."

"Oui, Maître."

S'asseyant un peu sur le côté, il prit les corps de Quataîles l'un après l'autre, les vida, les dépeça et récolta le peu de graisse qu'elles avaient.

"J'ignorais qu'elles étaient comestibles, comment l'avez-vous appris?"

"J'ai usé d'un sort de scan. Très utile, à vrai dire."

"Vous pouvez utiliser le scan?"

Cette fois, la question provint d'une Alariel très intéressée, qui n'avait guère dit grand-chose depuis qu'il avait commencé à cuisiner.

"En effet je le peux."

"Pourriez-vous...pourriez-vous m'en faire la démonstration?"

"Plus tard, ma chère, je cuisine pour le moment."

"Bien...bien sûr, désolé."

Ayant terminé la préparation, Maximilian commença à faire frire les ailes de Quaraîles dans une poële, usant leur graisse comme beurre/huile, et ajoutant quelques épices lorsque cela était nécessaire.

"Oh bon Dieu, ça sent si bon..."

À la surprise générale, cela vint d'Arca, qui avait littéralement l'eau à la bouche. Maximilian demanda.

"Es-tu certaine d'être satisfaite avec ce que j'ai préparé? Ce n'est pas de la chaire de fille panda..."

"Oh la ferme, ne me cherche pas comme ça."

"Désolé, désolé, tiens."

Usant de magie de terre pour créer des assiettes et cuillères en pierre, Maximilian servit une bonne portion de viande de Champizard avec des champignons ainsi que des ailes de Quataîles frites.

"Pourquoi moi en première?"

"Parce que si j'essayais de servir Dame Arima d'abord, tu m'accuserais encore de vouloir l'empoisonner. D'un autre côté, tu sembles être la plus impatiente du groupe à l'idée de goûter, alors tiens. Tu veux que je prépare un antidote au cas ou?"

"Ne m'insulte pas. Comme si la possibilité d'un poison allait m'effrayer..."

"Arca!"

Cela venait d'Arima, clairement insatisfaite de l'attitude de la demi-orc.

"Il n'a fait que nous aider depuis son arrivée, et il nous a même préparé ce repas, sois plus gentille s'il te plaît."

Arca grogna quelque chose ressemblant à un 'merci pour ce repas' avant d'emboucher une pleine cuillère du repas et de commencer doucement à mâcher.

Il y eut un petit silence au sein du groupe, comme si les comparions de la semi-orc attendaient quelconque signe de malaise de sa part. D'une voix à la fois très calme et polie, Maximilian ne put s'empêcher de demander.

"Alors? Ce repas sied-il à votre palet, Mademoiselle Arca?"

Sous les regards surpris du groupe entier, la semi-orc eu une très légère teinte rosée qui lui monta aux joues. Fermants les yeux, elle avala le contenu de sa bouche avant de répondre.

"C'est...c'est la meilleure chose que j'ai jamais mangée..."

"Vraiment? À ce point?" demanda Alariel.

Pour toute réponse à l'elfe, Arca acquiesça, bien trop occupée à dévorer le contenu de son assiette.

"Difficile à croire? Essayez vous-même."

Avec un sourire, Maximilian commença à remplir les assiettes, Lin-Lin les apportant ensuite à tout le monde. Un après l'autre, tous les membres du groupe commencèrent à manger et à manifester audiblement leur contentement. Même Alariel et Arima, aussi polies soient-elles, laissèrent leur voix se faire entendre. Même si, dans leur cas, cet écart de conduite fut suivi d'une teinte rougeâtre au niveau des joues.

Utilisant l'outre de Maximilian, Lin-Lin passa auprès des membres du groupe pour remplir leurs gourdes et tasses avant de revenir auprès de Maximilian qui mangeait calmement...et c'est là qu'elle remarqua une assiette pleine de nourriture posée à côté de lui. Regardant à gauche et à droite, elle semblait chercher quelque chose, ou quelqu'un.

"Aurrais-tu perdu quelque chose, Lin-Lin?"

"Non Maître, c'est juste qu'il reste une assiette et je ne parviens pas à trouver qui j'ai oublié de servir."

"Tu ne le sais pas? Cela me parait pourtant évident, la seule personne qui ne soit pas servie..."

Maximilian prit l'assiette et lui présenta.

"...C’est toi."

Lin-Lin regarda l'assiette, puis les yeux bleus qui la regardaient gentiment.

"Pour...moi?"

"Bien sûr. Tiens, prends. Viens, assieds-toi avec moi, bois et mange, repose-toi. Tu mérites amplement tout ça après les évènements d'aujourd'hui."

Lin-Lin prit l'assiette et s'assit, mangeant lentement.

"C'est...bon...si bon."

Posant son regard sur elle, Maximilian put voir les larmes couler silencieusement le long des joues de la jeune fille. Il tendit la main et tapota légèrement sa tête, la faisant se figer un court instant.

"Tu as bien agi aujourd'hui, profites de ton repas."

"Merci, Maître, merci."

Maximilian posa une tasse d'eau à côté d'elle avant de se lever et d'aller voir comment se portait Milne. Marta était avec elle, la soldate avait placé quelques vêtements sous sa compagnonne pour l'aider à s'asseoir et ainsi pouvoir l'aider à se nourrir, lui donnant même la bouchée. Voyant Maximilian arriver, elles lui sourirent.

"Alors, comment se porte-t-on par ici?"

Milne avala avant de répondre.

"Plutôt pas mal à vrai dire, grâce à vous."

"Ho, je vous en prie, qu'ai-je fait de si extraordinaire? Quelques entailles ici et là, un bandage, un repas? Ce n'était pas grand-chose, mais vous..."

S'accroupissant à ses côtés, il toucha légèrement la zone où il avait dû opérer, vérifiant simplement si tout allait bien.

"...Vous avez combattu la mort, vous avez résisté, vous avez survécu. Souvenez-vous de ce jour, parce que vous serez plus forte dés à présent. On dit que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort, et votre petit problème de poison a très certainement renforcé votre corps à son égard."

Les deux femmes se regardèrent avant de le regarder à nouveau.

"Pourquoi refuser nos remerciements? En tant que soldat, mon honneur demande que je vous offre quelque chose pour ce que vous avez fait aujourd'hui."

"Oh, mais je ne refuse rien. Faisons ainsi, un jour, je viendrai vous voir et vous demanderai quelque chose, un service, que vous choisirez alors de me rendre ou non, cela vous convient?"

"Je suppose...quel genre de service?"

Maximilian haussa les épaules.

"Qui sait? Je n'en sais rien moi-même pour le moment, nous verrons bien. Mangez, buvez et reposez-vous maintenant, le camp est sécurisé et après cette nuit, vous devriez être en état de voyager à nouveau."

"Merci, pour tout."

Il leur sourit une fois encore avant de se relever et de retourner vers Lin-Lin, toujours en train de déguster lentement son souper, tout en répondant d'un hochement de tête amical aux soldats le remerciant pour le repas sur son passage. Alors qu'il s'asseyait près de Lin-Lin, Alariel, Arima et Arca vinrent à eux. Tapant du pied au sol, Maximilian en fit sortir cinq sièges de pierre, la cinquième apparaissant directement sous Lin-Lin qui laissa échapper un léger cri de surprise. La voyant sur le point de tomber, Maximilian la rattrapa, l'aidant à garder l'équilibre. Il s'assit ensuite sur l'une des chaises et fit signe aux dames de faire de même.

"Alors? Cela a-t-il satisfait ces dames?"

Ce fut Arima qui parla la première.

"Tout à fait, merci bien. C'était un réel délice, même comparé à la nourriture du château...si cela ne vous dérange pas..."

"Nul besoin de vous montrer timide avec moi Dame Arima, parlez ouvertement."

"Alariel, Arca et moi-même souhaitions converser avec vous. Même si vous nous avez grandement aidés, ce pour quoi nous vous sommes plus que reconnaissantes, il est de nombreuses choses qu'il nous reste à découvrir à votre propos."

"Découvrir à mon propos? Pardonnez-moi ma franchise, mais il est certaines choses qu'une jeune fille ne découvrira jamais à mon propos, pour cela il vous faudrait demander l'aide de vos deux amies ici présente."

À ces mots Alariel laissa échapper un petit rire, Arima ne sembla pas saisir ce que Maximilian voulait sous-entendre, et Arca grogna.

"Fais bien attention à la façon dont tu parles à notre Dame, tu pourrais toujours perdre ta langue."

"Je vous en prie, Dame Arca, pardonnez-moi. Je suis le genre d'homme honnête dans ses actes, mais également dans ses paroles, il n'y avait nulle malice derrière mes mots, je vous l'assure. Alors, dame Arima, que souhaitiez-vous savoir?"

"Et bien, commençons par le début. Que faites-vous ici?"

"Je monte." répondit simplement l'homme.

Une fois encore, Arca s'énerva de sa réponse.

"Ne joue pas avec nous, nous demandons une vraie réponse, pas quelque énigme masquant la vérité."

Arima, restant calme, posa une main sur la jambe de la semi-orc.

"Arca, s'il te plaît...Monsieur Maximilian, que voulez-vous dire par là?"

"Exactement ce que je viens de dire. Quand j'ai rencontré votre groupe, j'étais en train de monter. Je viens du niveau en dessous et je cherche la sortie."

"Mais...comment pouvez-v...."

"Stop!"

Maximilian stoppa la prochaine question de la demoiselle, laissant apparaître un regard surpris sur le visage de la jeune fille.

"J'ai répondu à une question, il est normal que vous en fassiez de même, ne pensez-vous pas?"

Arca se leva d'un bond à ses mots, sa main allant vers son épée.

"Pour qui te prends-tu? Un sans-titre tel que toi devrait être honoré d'avoir le privilège d'échanger quelques mots avec ma Dame, et tu oserais poser des conditions?"

"Arca."

"Ma Dame, laissez-moi lui tirer les vers du nez. Je le ferai parler plus vite et nous ne perdrions pas de temps."

"Arca, s'il te plaît."

Arima tentait de calmer la semi-orc une fois de plus. Maximilian, pour sa part, commençait à en avoir assez de ses constantes interruptions, bien qu'une partie de lui-même ait trouvé cela quelque peu amusant.

"Cela ne serait pas judicieux, Dame Arca."

Une fois encore, elle afficha un rictus méprisant à son égard.

"Et pourquoi ça?"

"Parce que je suis bien plus puissant que vous. À un point tel que vous n'auriez pas la moindre chance si nous devions nous affronter."

Arca ne répondit pas de suite, surprise par les mots prononcés par l'homme. Avant qu'elle n'ait le temps de répondre, Maximilian s'adressa à Alariel.

"Vous m'avez demandé plus tôt de vous montrer mon sort de scan, pouvez-vous me dire pourquoi?"

"Oh, pour être franche, il ne s'agit que d'un petit test. Ce sort est assez complexe à apprendre. J'ai, pour ma part, mis une année entière avant le maîtriser, et je suis une elfe, ma race est reconnue pour son affinité avec la magie."

"Vraiment? Un test me dites-vous...si vous voulez. Je pourrais vous dire que vous êtes niveau 38, votre amie au tempérament de feu ici présente est niveau 39 et Dame Arima est niveau 7. Pour être honnête, je n'ai pas pris la peine d'analyser plus précisément votre groupe."

Les trois femmes semblèrent impressionnées, Arca et Arima se tournèrent vers Alariel, attendant.

"C'est...c'est exact, vous possédez donc réellement ce genre de magie également...mais pourquoi le mentionniez-vous il y a un instant?"

"Pourriez-vous me dire à quel point vous avez maîtrisé ce sort?"

Alariel se redressa, visiblement assez fier d'elle.

"Et bien, sans vouloir me vanter, assez bien à vrai dire. Je peux observer et analyser toute créature et autre être vivant qui possède jusqu'à trois fois mon niveau."

Arca haussa un sourcil à cette révélation.

"Vraiment? La dernière fois qu'on a vérifié, c'était jusqu'à deux fois ton niveau, quand t'es-tu perfectionné?"

"Un peu avant que l'on parte pour cette expédition à vrai dire, plutôt impressionnant ne pensez-vous pas?"

Arca reposa les yeux sur Maximilian, un sourire carnassiez au visage.

"Scanne-le."

Arima tenta de s'opposer.

"Arca, il n'est pas poli d'analyser quelqu'un ainsi sans son consentement."

"Navré, Dame Arima, mais il m'a insulté, je ne laisserai pas cela passer. Alariel, fais-le."

Alariel regarda Maximilian un instant et, le voyant simplement rester en place avec un petit sourire aux lèvres, elle leva son bâton de mage et...

"Scan!"

Maximilian observa un peu le cercle de magie qui se formait autour de lui.

*Tiens? Intéressant. Cela ne se produit pas lorsque j'analyse quelque chose...peut-être est-ce dû à la différence de niveau. Mais c'est plutôt joli, j'en serais presque jaloux.*

Le cercle de magie resta autour de lui pendant quelques minutes. Alariel, les yeux fermés, utilisait visiblement toutes ses connaissances, toute son expérience sur ce sort pour tenter de lire son niveau, son air concentré avait quelque chose de séduisant.

*De base, c'est une belle femme, il n'est dès lors pas difficile pour elle d'être attirante tout en réfléchissant, je suppose. Ah, il semble qu'elle a terminé.*

Abandonnant finalement, elle reposa son bâton de mage au sol, respirant profondément.

"Je...je n'y arrive pas . Je ne parviens pas à lire son niveau."

"QUOI!?"

Arca fit un pat en avant et se plaça entre Maximilian et Arima, son épée en mains. Lin-Lin, pour sa part, tremblait sur son siège. Maximilian tapota gentiment sa tête.

"Ne t'en fais pas, tout va bien."

"Oh que non, tout ne va pas bien. Où as-tu trouvé un artefact capable de te protéger contre un sort de scan? C'est le genre d'objet magique que seuls les espions utilisent!"

*Un artefact? Oh, je comprends, elle ne conçoit pas le fait que j'ai un niveau trois fois plus élevé que celui d'Alariel. Je ne peux pas vraiment le blâmer, j'ai parfois encore du mal à m'y faire moi-même.*

Maximilian haussa les épaules et se leva, s'éloignant.

"Suis-moi, Arca."

"Et pourquoi ferais-je ça?"

"Parce que je vais te donner ce que tu sembles vouloir depuis que je suis arrivé ici."

"Et qu'est-ce que c'est? Tu vas fuir maintenant qu'on a percé ton secret à jour?"

"Fuir? Non non, ce n'est pas mon genre..."

Il la regarda, les taches dorées dans ses yeux brillant un instant.

"Je vais te donner une chance de m'affronter."