《[French] Les Pions de l'Equilibres》Chapitre 33 - L'art de l'intimidation

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Comme il prenait si bien soin de le faire remarquer à chaque occasion, Kitour était censé enseigner à Eden pendant seulement un an. Toutefois, il avait décidé de rester parmi eux, afin de les aider à développer leurs « maigres talents ». Une version peut crédible tellement le peintre n'avait cure des élèves.

Très rapidement, une partie des Aspirants s'improvisèrent détectives. Ce fut au final Rishona qui découvrit la vérité : Kitour était tombé sous le charme de Tivite. Et même si, apparemment, celle-ci l'envoyait balader à chaque occasion, cela ne décourageait nullement le vieux peintre, persévérant au point de rester une année de plus. Mais actuellement, le professeur n'était pas en train de courtiser la professeure de cultivation. Il était devant Esh, et son regard impatient n'avait rien d'aguicheur.

̶ Allez, je n'ai pas que ça à faire !

Le principal concerné ne put s'empêcher de lâcher un sourire désabusé. S'il y avait une matière pour laquelle il ne faisait aucun doute qu'il soit le meilleur de sa promotion, c'était bien l'art. Mais il était tout de même incapable de réussir ce que le professeur exigeait de lui : donner des attributs de trois lois combinées à un habit préparé à cet effet.

Comme dans tout ce qui touchait au monde de la cultivation, l'art avait également des niveaux : le réalisme, la beauté et l'harmonie. Esh savait qu'il en existait même d'autres, mais n'en connaissait même pas les noms.

Le réalisme était le premier niveau. Toute œuvre assez réaliste pouvait prendre mouvement et même propager ses effets. C'était le stade où se trouvait Esh ; sa peinture de la loi du feu en était un bon exemple : les flammes étaient animées et, grâce à cela, la toile dégageait une chaleur à la hauteur du réalisme des lois insufflées dans sa toile.

Le stade de la beauté était à un tout autre niveau. Selon Kitour, une œuvre dite « belle » est une œuvre ayant reçu la reconnaissance de l'Équilibre même. Cette beauté créait une foi en l'œuvre aux yeux de ceux la visionnant, et cette foi insufflait un pouvoir bien plus grand qu'une simple peinture.

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Une œuvre représentant seulement un type de loi ne pouvait être belle. Il fallait en fusionner plusieurs appartenant à des lois nobles différentes, afin qu'elle soit une création et non une reproduction, chose impossible pour un élève de deuxième année, voire même un élève tout court.

Pourtant, c'était exactement ce que Kitour exigeait de lui : fusionner trois lois sur une chemise, afin d'obtenir la note minimale, et que l'œuvre soit belle pour obtenir un score parfait.

Il se mit tout de même au travail, dessinant des glaciers sur chaque manche, une flamme à l'avant et un chêne à l'arrière. Une fois son travail terminé, il l'examina : chaque partie de la chemise possédait ses lois respectives, chose impressionnante pour un élève de troisième année, mais loin de répondre aux exigences du professeur. Il ne manqua d'ailleurs pas de le lui faire remarquer à sa manière, générant une boule d'énergie contenant les lois du feu, de la terre et de l'eau, en concordance avec le travail d'Esh.

Il jeta l'habit à l'intérieur, et le résultat fut sans appel : le dos brûla, l'avant s'évapora et les manches furent absorbées.

̶ Zéro, fut le seul commentaire que le peintre daigna lui accorder.

̶ Ce test est complètement injuste, aucun membre de notre classe n'est capable de combiner trois lois dans la vie réelle, comment voulez-vous que ça soit possible en peinture ?! De plus, je suis le seul élève de la classe capable de produire trois lois différentes !

Voyant que le peintre ne faisait même pas attention à ce qu'il disait, Esh utilisa à contre-cœur son atout final : il n'était jamais parvenu à savoir pourquoi, mais Kitour était terrifié par son père, chose qu'il avait remarquée en voyant les deux hommes se croiser par inadvertance dans la rue, causant la fuite du peintre n'essayant même pas de maintenir un semblant de dignité !

Esh détestait avoir recours au nom de son père pour arriver à ses fins, mais son désir d'obtenir plus de temps dans les chambres d'entraînement prévalut sur sa réticence. Il prit un air résigné et dit au peintre à voix basse :

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̶ Vous avez raison, c'est de ma faute si je ne suis pas à la hauteur de vos espérances. Je demanderai à mon père de m'aider personnellement à m'améliorer. D'ailleurs, il aura sûrement besoin de venir vous voir afin que vous puissiez lui expliquer exactement le niveau que je me dois d'atteindre.

À peine eut-il fini sa phrase, que le visage de Kitour passa de l'indifférence la plus totale à l'affolement.

̶ Voyons Esh, c'était simplement un challenge de ma part pour te pousser dans tes derniers retranchements artistiques. Le travail que tu viens d'effectuer mérite amplement la note maximale. Et ne dérange pas le Grand Prêtre pour une affaire si mineure, sa mission sacrée lui demande bien assez de temps, dit-il avec un rire aussi naturel que la couleur rouge de ses cheveux.

Esh le remercia en faisant tout son possible pour ne pas éclater de rire devant la mauvaise foi du professeur.

Tout se passait bien pour l'instant. Tivite avait été impressionnée par ses lois, et Kitour venait de lui donner la note maximale. Il dut ensuite passer devant Neshek. Celui-ci examina sa cultivation physique en lui prenant une goutte de sang qu'il fit passer dans un dispositif créé à cet effet. Sa cultivation physique n'était qu'à vingt pourcent du premier Pas. En voyant cela, il eut un frisson. Il allait devoir redoubler d'efforts dans le domaine physique. Après tout, une différence avec sa cultivation spirituelle, même de seulement un pourcent, pouvait créer des déviations dans sa méthode de double cultivation. Si cela devait arriver, il savait que personne ne pourrait le sauver, pas même un Miktsoane.

Il dut ensuite porter des poids. Il parvint à soulever 150 kilos par la seule force de ses bras, et 500 avec tout son corps.

̶ Bien, mais Ano est parvenu à soulever 800 kilos, insinua Neshek de manière guère subtile.

Bien que les six villages aient fusionné, beaucoup parmi les villageois considéraient ceux originaires d'un village différent comme des étrangers. Le fait que les habitants de chaque village résidaient majoritairement dans des quartiers séparés n'aidait en rien à améliorer la situation, et de plus en plus de villageois exprimaient publiquement leur réticence envers leurs voisins. Neshek en faisait partie, et Esh imaginait qu'il avait dû grincer des dents au point de s'en casser une ou deux en le voyant perdre face à Ano.

Le professeur testa ensuite sa maîtrise des armes, indiscutablement son point faible, faisant baisser sa note finale.

Il n'avait jamais réussi à se faire à la dague qu'il avait fini par choisir lors de ses premiers cours de combat armé, et désormais portée sur lui en permanence. Le besoin de trouver une arme plus adaptée à ses besoins devenait critique, mais même parmi les dix mille armes se trouvant dans l'armoirie du village, il n'était pas parvenu à trouver la bonne.

Néanmoins tout n'était pas perdu. Son père avait décidé de profiter de la présence des autres Miktsoanes, capables d'éloigner la tempête s'abattant tous les soirs aux portes du village, afin de suivre le séminaire annuel des grands prêtres, tout en l'emmenant à la capitale avec lui ces vacances d'été.

Ce sera l'occasion de trouver habit à ma taille, enfin, gants à mes doigts. Non, en fait, je crois que c'est plutôt gants à ma taille... Je me demande à quoi ressemble la capitale, se demander Esh, mourant d'envie de la visiter après avoir entendu tant de récits d'Evelle et de Nééman à son sujet.

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