《[French] Les Pions de l'Equilibres》Chapitre 17.5 - Arbre généalogique

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Après avoir entretenu un silence à la limite du théâtral, Yashar se mit enfin à expliquer ce que le sous-sol avait de spécial :

̶ Cette pièce est le hall des ancêtres. Chaque statue représente un ancêtre Miktsoane de notre famille. Normalement, on y amène chaque descendant de la famille le jour où il atteint l'âge de responsabilité, mais je voulais te laisser plus de temps pour digérer les récents événements. Maintenant que tu vois le nombre de nos ancêtres Miktsoanes, ne trouves-tu pas bizarre que l'on ne possède pas de nom de famille ? lui demanda Yashar.

Esh réfléchit un moment. Un nom de famille attestait souvent du statut et de la notoriété d'une famille, et équivalait à un titre. Il devait être officiellement reconnu par l'un des trois Piliers de la capitale, lors d'une cérémonie spécialement dédiée. Si une famille ne s'en montrait plus digne, à cause d'une baisse du nombre d'experts, ou de ressources au sein de celle-ci, leur nom pouvait également leur être retiré.

Au village, seule la famille Olamote en possédait un, mais Esh ne s'en était jamais étonné. Après tout, même si un Miktsoane apportait à sa famille un statut conséquent, cela était rarement suffisant pour recevoir un titre. Par contre, quand une famille comptait plusieurs Miktsoanes au cours de son histoire, cela changeait complètement la donne, car même sans prendre en compte la puissance que cela lui permettait d'accumuler, le talent qui coulait dans le sang de sa lignée, nécessaire afin de produire plus d'un Miktsoane, suffisait amplement à la rendre digne d'un nom.

Esh fit une grimace en arrivant à la conclusion la plus plausible :

̶ Notre famille a offensé les mauvaises personnes ? demanda-t-il, tout en espérant que son père allait rire et lui répondre que c'était juste parce que leur nom de famille était blasphématoire ou obscène.

̶ Exactement ! Et pas n'importe quel haut dignitaire, mais l'empereur d'Atsimoute, la plus grande planète du système, se situant à deux planètes de la nôtre, lui répondit son père.

Cela fit à Esh l'effet d'une douche froide. Voilà qu'il devait rajouter fugitif planétaire à son CV déjà bien trop fourni pour un adolescent de douze ans.

̶ Comment notre famille a-t-elle pu devenir ennemie avec l'empereur d'une planète ?! demanda-t-il, catastrophé. Il est impossible pour une personne normale de rencontrer un empereur, même en vivant plusieurs centaines d'années, alors comment se sont-ils débrouillés pour en offenser un ?!

̶ Ils ne l'ont pas juste offensé. Ils ont essayé d'usurper son trône, mais je ne t'en dirai pas plus pour l'instant. Après tout, le savoir est en lui-même une sorte de mérite. Si dans deux mois, tu parviens à trouver une technique pour chaque loi, et à réaliser parfaitement l'un des exercices du mur, je t'en révèlerai plus, dit-il, un sourire aux lèvres, devant le visage indigné de son fils.

Esh était abasourdi. Non seulement il venait d'apprendre la vérité sur sa famille, ce qui ajoutait sur ses épaules une montagne d'obstacles qui paraissaient infranchissables, mais en plus, son père le laissait dans le flou sur les faits exacts.

Du chantage ! Comme si je ne travaillais pas déjà assez dur, fulmina-t-il.

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***

Après la leçon avec Esh, Yashar se rendit aussitôt auprès de la statue de l'Ancêtre et attendit silencieusement devant celle-ci. Il devait avouer que, même après toutes ces années, et même après être lui-même devenu Miktsoane, il éprouvait toujours de l'appréhension avant d'aller le voir. Après tout, alors qu'il n'était encore qu'un enfant, l'Ancêtre résidait toujours au centre de la balance, symbole le plus sacré de l'Équilibre, et était déjà l'être suprême du village. Il était difficile, pour lui, de changer un sentiment ancré en lui depuis sa plus tendre enfance.

Une voix grave, audible seulement de lui, l'invita à entrer. Yashar s'exécuta en traversant la surface de la statue, comme si elle était constituée d'eau. Il était déjà rentré maintes fois dans le monde de la statue, mais l'espace à l'intérieur était toujours différent. Cette fois-ci, par exemple, l'intérieur représentait un ciel violet foncé, recouvert d'étoiles, et se prolongeant à l'infini. En son centre, était assis un vieil homme, qui possédait une barbe si longue, qu'elle s'étendait sur ses jambes croisées en tailleur. Comme à son habitude, il avait les yeux fermés, et Yashar espérait qu'il ne les ouvrirait jamais, car le jour où il verrait de nouveau la lumière, marquerait la fin d'Eden.

Le Grand Prêtre vint s'asseoir en face du vieil homme, avant de le saluer d'un ton respectueux :

̶ Que l'Équilibre vous allège, Ancêtre.

̶ Yashar, pour la énième fois, appelle-moi simplement arrière-arrière-grand-père, répondit le principal concerné, avec un sourire qui détonnait fortement avec l'ambiance solennelle de la pièce. Humm, pourquoi ne portes-tu pas l'amulette ?

̶ Je l'ai confiée à Esh, il en a plus besoin que moi en ce moment... répondit Yashar.

̶ C'est le moins qu'on puisse dire ! Après tout, même en la portant, maîtriser trois lois et devenir un Cultivateur à deux facettes relève presque de l'impossible. Même avec ses millénaires d'histoire, et ses ressources presque illimitées, le nombre de doubles Cultivateurs ayant atteint le niveau de Miktsoane au sein de notre famille ne peut se compter que sur les doigts des mains. Comment le garçon a-t-il réagi à la révélation de nos origines familiales ?

̶ Comme à son habitude : en se plaignant, et en protestant devant l'injustice à laquelle il était sujet, dit le prêtre d'un ton désapprobateur, mais non dénué de tendresse.

En temps normal, Yashar n'aurait jamais laissé paraître de telles émotions, mais l'Ancêtre était l'une des rares personnes avec qui il n'avait pas besoin de préserver son rôle de chef spirituel.

Est-ce que l'Ancêtre était dans la même situation ? Ne pouvant être vraiment lui-même devant quiconque, devant constamment entretenir le rôle du père fondateur et protecteur du village ? se demanda-t-il.

̶ Haha, cela me rappelle un certain jeune homme, rêveur et bougon à la fois, se plaignant tellement que l'on se demandait s'il ne devrait pas plutôt rallier l'opposition au gouvernement, que rejoindre l'Église, dit son arrière-arrière-grand-père d'un air taquin.

Le rouge monta momentanément aux oreilles du principal concerné, mais il n'en démordit pas pour autant :

̶ Même si, à son âge, j'étais loin d'être parfait, je possédais justement la doctrine de l'Équilibre pour me stabiliser, et pour transformer mes habitudes destructrices en énergie qui m'ont poussé vers l'avant. Malheureusement, j'ai bien peur que mon fils soit loin d'être un homme de foi...

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̶ Allons, Yashar, laisse-le grandir sans trop lui mettre de pression. Tu sais bien, qu'après tout, même si on essaie de protéger au mieux les enfants, le Chemin de l'immortalité mène rarement à une fin heureuse. Laisse donc tes enfants profiter de leur vie tant qu'ils en ont encore la possibilité.

Yashar allait répliquer, mais une pensée traversa son esprit et assombrit son humeur :

̶ En parlant de bonheur, j'ai bien peur que Guéa marche sur les pas de sa mère ; elle devient de plus en plus distante et froide... Je crains que le jour où elle achèvera sa première dissociation sera également le jour où elle nous quittera...

L'Ancêtre se mit aussitôt en colère :

̶ Même si la flamme froide est l'un des concepts les plus puissants au sein de la loi du feu, le jeu n'en vaut pas la chandelle ! Ses utilisateurs deviennent de plus en plus détachés de leurs émotions, jusqu'à ne plus rien ressentir. Il est vrai que la cultivation d'un concept influence presque toujours le mental, mais ceux qui se déconnectent de toute émotion devraient être interdits ! Quel est l'intérêt de devenir puissant, si l'on finit par ne pas valoir mieux qu'une des machines des Geths ?! À quoi pensait donc sa mère quand elle lui a transmis cette technique ?!

̶ Je crains que Matara n'était déjà plus que l'ombre d'elle-même quand elle lui a légué sa méthode. Guéa a dû voir cette technique comme un moyen de rester connectée avec sa mère... Je soupçonne que Matara la lui ait transmise seulement quelques jours avant de terminer sa troisième dissociation..., répondit-il en serrant les poings.

Clairement, la déchirure que son cœur avait subie au départ de sa femme était loin de s'être refermée. L'Ancêtre comprit que le simple fait de parler de sa femme était toujours une source de peine pour le prêtre, et décida donc de changer de sujet :

̶ Nééman a-t-il fait des progrès dans la recherche d'une méthode de double cultivation ?

Yashar, reconnaissant du tact de l'Ancêtre, prit un moment pour rassembler ses idées :

̶ Cela fait des semaines que je suis sans nouvelles, mais sa tablette de vie est toujours intacte. Je suppose qu'il fait actuellement face à des difficultés, mais je ne m'inquiète pas trop non plus. Cet homme est, après tout, plein de ressources, je suis sûr qu'il saura surmonter les obstacles se dressant sur sa route.

Ils se regardèrent un moment, sachant tous deux qu'ils avaient déjà trop tourné autour du pot, et devaient aborder le sujet le plus problématique.

Ce fut finalement Yashar qui rompit le silence :

̶ Il n'est plus possible de continuer d'affronter les hordes de créatures jusqu'à ce que les bandits nous attaquent. Ce n'est plus une option viable. Je veux bien que cela permette aux survivants de gagner une expérience cruciale, mais c'est un investissement à moyen et long termes. Sur le court terme, nous pourrions finir par être attaqués par les bandits, et ne pas avoir assez de force pour les repousser.

L'Ancêtre soupira :

̶ Tu connais les trois Piliers au sein de la capitale. Ce sont tous des charognards. Si nous quittons le village, nous perdons notre base de pouvoir, et nous nous ferons dévorer jusqu'aux os. Actuellement, les trois Piliers sont à la recherche de n'importe quel prétexte pour augmenter leur influence. Fuir à la capitale serait l'équivalent de nous livrer sur un plateau. De plus, il est possible que les bandits soient des suprématistes, et ne s'attaquent donc pas à d'autres humains. Dans tous les cas, il me reste encore une carte à jouer pour protéger le village. Si tout se passe comme prévu, nous aurons juste besoin de tenir un an. En attendant, veille à ne pas provoquer ces bandits pour rien, conclut-il.

Dire qu'avant, notre famille était si nombreuse qu'elle possédait assez de Cultivateurs pour remplir plusieurs sectes ! Nous étions assez puissants pour prétendre au contrôle d'une planète entière, mais aujourd'hui..., se lamenta intérieurement l'Ancêtre, avant de poursuivre vers le prochain sujet qui méritait son attention :

̶ Sinon, au sujet de l'économie actuelle du village, penses-tu que...

Les deux Miktsoanes continuèrent, tout au long de la nuit, à réfléchir à des méthodes pour améliorer le quotidien des habitants du village. Après tout, ils en étaient les protecteurs, et rien, même leurs morts, ne pourraient les empêcher de veiller sur ceux-ci.

***

Pendant ce temps, Esh était dans sa chambre et n'arrivait toujours pas à dormir. Non seulement à cause de ce qu'il venait d'apprendre, mais aussi, parce que demain auraient lieu les premiers combats à mains nues, organisés par le collège, pour les préparer au tournoi annuel, qui se produisait à chaque solstice d'hiver. Il savait bien que si, demain, il tombait sur Gros Bof ou Shine, ils ne lui feraient pas de cadeau, match amical ou pas. Encore heureux que Moti était dans une autre classe !

Esh grimaça en sentant une courbature au bas du dos. Il avait essayé d'effectuer les mouvements gravés sur le mur toute la soirée, mais sans résultat, si ce n'est l'accumulation de courbatures trop nombreuses pour qu'il puisse les compter.

Ces exercices, qui paraissaient pourtant simples, étaient difficilement supportables pour son corps peu habitué aux efforts physiques. Ils étaient, de plus, très difficiles à réaliser. C'était comme s'il essayait de se déplacer simultanément en avant et en arrière.... et c'était seulement en essayant la plus simple des sept figures inscrites sur le mur ; il n'osait même pas songer au niveau de difficulté des six autres. Même son père, d'habitude si condescendant, lui avait avoué qu'il était normal qu'il n'y arrive pas dès la première fois, et que réaliser le premier et le plus facile des exercices demandrait un entraînement long et régulier.

Au bout d'un moment, il parvint enfin à s'endormir. Cependant, ce qui l'attendait cette nuit n'était pas un rêve avec Yafa courant dans des champs de fleurs... non ! Ce soir, il allait rêver de sang et de combats.

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